L’estime de Soi ou une vision renouvelée de la psychothérapie intégrative !


L’estime de soi est souvent une valeur d’appréciation à reconstruire en psychothérapie que l’on soit face à des troubles dépressifs, ou anxieux, des troubles de la personnalité …

Elle apparaît souvent occultée, tue derrière un signe symptomatique patent. Parfois elle est à l’inverse comme un monstre aux mille pattes, traversant toute la structure du patient.

Mais il faut écouter, prêter l’oreille, observer, prêter attention, ne surtout pas se laisser aller à une interprétation ou une intuition trop rapide !

Dans une vision renouvelée de la pratique analytique, elle nécessite souvent un questionnement, une attention plus importante, plus intense : elle reste, selon moi, l’un des piliers indispensables à une bonne homéostasie psychique qui préserve de l’achoppement.

Une perception du regard parental tronquée, des carences affectives monstrueuses, de la maltraitance, ou pire l’absence manifeste d’amour d’une figure parentale peuvent entraîner une estime de soi affaiblie voire ravagée. 

Il faudra pour moi envisager l’intégration d’un travail cognitivo-comportemental (ACT et/ou thérapie des schémas), d’une thérapie par l’écriture à une thérapie analytique. C’est ainsi que je comprends cette vision renouvelée d’une psychothérapie intégrative.

Car la compréhension ne peut suffire à la réparation de cette estime de soi. Un changement de regard est nécessaire, une modulation des représentations, une revalorisation des qualités du patient permettent ainsi d’adoucir le regard. Ce processus est lent certes, parfois difficile (fatigant émotionnellement mais libérateur), mais pas irréalisable.

Le thérapeute devra se garder de tout excès de zèle, tout jugement péremptoire : il engage le travail mais ne fait pas le travail, il guide, conduit, questionne, suggère une autre interprétation mais ne dit jamais que c’est ainsi, il peut exemplifier, utiliser son expérience de vie, sans pour autant l’imposer.

On voit que la posture du thérapeute peut varier entre neutralité et bienveillance. Mais finalement, ce qui compte, est d’accueillir dans la douceur. Car l’émotion doit se dire, et plusieurs fois, et de plus en plus intensément riche et vibrante.

Il s’agit bien sûr de comprendre le noeud aporétique de toute cette mésestime, ou de cette dégradation de l’estime de soi. Mais il s’agira aussi de remettre de l’amour, de la connaissance objective et de l’acceptation, de l’honnêteté et de l’action, d’accepter, et l’échec, et la réussite, de s’affirmer, de changer son rapport à soi-même et à l’autre. 

Nous vivons souvent le présent comme engrossé, ankylosé, enkysté par le passé, par nos traumatismes et bien sûr ils sont vrais, ils sont présents, ils sont douloureux et la plainte itérative peut compromettre tout processus d’avenir.

Il est nécessaire, à mon avis, de raviver l’entièreté de l’être et non pas simplement une vision parcellaire afin de mieux le réengager dans un être en devenir.

de Frédéric Lemonnier, Psychanalyste, thérapeute & psychopraticien à Compiegne